lundi 10 décembre 2012

Outre-Chant de sirènes




Le chant des sirènes ne s'était pas tu
Leur énergie captieuse n'avait pas disparu
A travers la muraille de cire, à travers le pavillon
Dans l'âme des marins, il passait le poison
Qu'entendaient-ils les compagnons de Personne
Alors qu'ils batifolaient dans le détroit de Messine ?
 
 
 
     Cette énigme fondamentale que l'aède insinua dans ses vers, cette énigme qui perturbe aussi tes nuits les plus lisses, mélomane internaute, Pessoa l'a résolue naguère. Ois ce qu'oyaient les fortunés compagneux de l'industrieux Personne !



Voici notre rhapsode qui piège les marins de la ville :





Voici notre rhapsode qui divertit ses ouailles : 




Voici deux versions de son oeuvre pour gramophone :

 



     Après un tel enchantement, comment ne pas croire en Athena ? Or donc, valeureux surfeur, délicieuse internaute, ne te vois-je pas hausser un sourcil perplexe ? Retrousser une lèvre dédaigneuse ? Sache que ce Dokaka de rhapsode a marié sa voix aux cris et gémissements de la belle sirène Björk ! Cours ouir cela quoi ! 
 
 













lundi 3 décembre 2012

De Profondis



 
" Quand que je ne pédale, qu'est-ce que je me démentale! "
 
 
 
      Voici un petit texte que m'a confié Herr Robert Niemand, un tout jeune coureur cycliste qui nous vient de Prusse. Il s'agit d'un hommage à un seigneur du vélocipède, qui sévissait au dix-neuvième : un certain l'Oscar. Un brin d'émotion m'a chatouillé l'auréole dans les quelques lignes qui suivent, et je me demande bien si vous partagerez mon chatouillis, chers internautes en cavale.


 
     Je pense à toi, l'Oscar, qui revins de l'enfer. Comme un soir en vélo, tu nous en fis récit. La vie te l'avait mis de profundis ! Et tes amants de même, et la perfide Albion itou : méchants ! Pour faire dérailler le vilain sort, tu écrivis à l'arrache-coeur ce témoignage (tourner le guidon par ici). Toi qui croupissais dans ta geôle touffeuse, humilié par l'élite même qui t'avait déifié, tu alternas les phrases d'écolier capricieux et les fusées profondes. Bizarre écrit, mon cher bicylettiste, que ce "De Profundis". Bizarre randonnée que cette ultime Ballade. Ta patrie pudibonde massacra bien d'autres invertis et elle en massacrerait bien d'autres : il me souvient ainsi de l'immense Turing et de sa mort sublime, lui qui s'immola par croquage de pomme... après l'avoir enduite de cyanure (tourner le guidon par là).
      Je pense à toi, l'Oscar, et je pleure en lisant ton essorage de coeur. Je te reconnais et je ne te reconnais plus dans ces répétitions alambiquées et ces plaintes infantiles ! Telle une épicière limaçante, tu pleurniches longuement devant la mesquinerie et la cruauté de ton amant... Et tout à coup, ta pensée s'élève et circonscrit toute l'humanité d'un axiome terrible et définitif.
      J'aime ta sentence altière, l'Oscar : "Le vice suprême est la superficialité". Extirpons - en rêve - ce vice du coeur humain : comment tous ces à-peu-près d'êtres que nous sommes, absorbés par une profondeur sans fin, pourraient ils continuer de vaquer à leurs futilités  et à leurs turpitudes ? Comment ne pourraient-ils pas, comme toi, hausser les épaules devant les façades grotesques de leur à-peu-près de vie pour enfourcher le saint vélo et se ruer sur les terres vraies ?
     Qu'il aime la bicyclette, comme toi, sans selle, ou qu'il la pratique comme Marcel, avec chauffeur, comment notre coureur tout neuf  pourrait-il éviter le poids de la conscience et l'appel monstrueux de l'éthique ? Plus simplement, comment pourrait-il quitter son lit, dévoré par la pensée de la mort et du néant, assoiffé de sens et de valeurs ?
       Je pense à toi l'Oscar, monstre d'humain perdu dans une espèce inhumaine. Ta profondeur te condamna, l'homme superficiel t'éxecuta. Je pense à toi, moi qui comme tous mes semblables, me contente de sembler en toute médiocrité.
      De profundis mon pote.
 
 
 
     Robert Niemand - Wildemann (Basse-Saxe) - Novembre 2012
 
 
 
 C'est à qui d'empédaler ? Et c'est à qui d'empaler ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 25 novembre 2012

Shimabukuro's Ukulele




 
     Ces derniers temps, je me suis surpris à poster plusieurs missives ambitieuses - quoique paradoxales - que vous ne pouviez aborder sans subir une intense élévation d'esprit (c'est ce qu'on m'a dit, quoique.. à propos d'un autre blog peut-être). Je le dois, présumé-je, à la participation d'un virtuose de la fukuphysique comme F. Nowan. Pour ma part, c'est sans effort que je vous adresse des billets superficiels et souterrains, mes chères internautes égarées, mes surfeurs lunatiques chéris. Et je récidive en ce jour d'hui qui, je l'espère, vous fera poéter et rêver délicieusement. 
     Certains s'en servent comme fume-cigarette, d'autres l'utilisent comme ombrelle, Jake Shimabukuro, lui, parvient à en tirer la divine clameur d'un orchestre complet : étrange artefact que l'ukulele ! Bien que sa renommée ne soit plus anodine, je veux accueillir Senseï Jake en mes Hautresc Hoses. Offrez-lui votre attention la plus solennelle puis, en son honneur, s'il vous plait, battez des mains, tapez des pieds, fracassez vos vêtements et fricassez votre ordinateur.
 
 
 
 
 Harrison dream
 
 
 
    Tzigan dream
 
 
 
Teen dream
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


dimanche 18 novembre 2012

Viva Fukushima





     Je préviens les âmes sensibles : le film réalisé par F. Nowan est d'une nature susceptible de les traumatiser à vie. Pour ma part, si j'ai réussi à visionner le film intégralement, c'est grâce à cette astuce mesquine : j'ai fractionné le film en plusieurs séances de quelques secondes, espacées à chaque fois de plusieurs jours. J'ai pratiqué de l'exercice cosmo-pranique pour renforcer mon mental et j'ai suivi une bonne douzaine de séances salutaires avec un très bon psychiatre. Ainsi, je n'ai zà déplorer que quelques cauchemars récurrents qui m'ont rendu insomniaque, et un léger maigrissement de vingt-cinq kilos. Mais trève de futilités, place au reportage :






     Voici cette capture d'écran - une parmi les plus mignonnes - pour les esprits prudents qui préféreront s'abstenir de youtuber le reportage de F. Nowan :


 
 
 

 



 
 
 


 

dimanche 11 novembre 2012

Viva Fukushima !

Pas de quoi en faire une histoire, mais...




La mer
Qu'on voit danser le long des centrales nucléaires
A des reflets d'argent
Beaucoup d'argent !


 
     Je viens de recevoir un mail d'un reporter anglais, F. Nowan, relativement connu dans les milieux. Il me confie un témoignage de son récent voyage au Japon. Selon lui, le blog "Mythes et Chansons de Nulle Part" est la vitrine idéale pour son travail de type paradoxal. Flatté par son hommage, je ne peux qu'accepter de diffuser le reportage de ce charmant F. Nowan.
 
 
 

F. Nowan de retour :
" Après quelques pastilles d'iode et une bonne douche de décontamination,
qui pourrait croire que je reviens de là-bas ? "
 


     Après plusieurs courriers et coups de téléphones de mes boss - et des huiles de leur réseau - le groupe GRNJ (Gestion Rentable du Nucléaire au Japon) accepta enfin de me rencontrer. Le jour convenu, je me présentai dans mon plus beau costume, désireux de produire la meilleure impression : je souhaitais imposer quelques questions que je croyais désagréables. Après une succession de grooms, secrétaires et autres larbins à travers les corridors, escaliers et antichambres, je fus enfin introduit dans la salle de bal.
     Oui : la salle de bal ! Ces messieurs du GRNJ étaient en train de fêter leurs récents succès, déguisés en hippies ou en jockeys, et buvant champagne au carsher. J'émis un timide "Hello ! ". Ils crurent avoir affaire à l'un des leurs, grimé en reporter de classe pour amuser la galerie. L'alcool ayant considérablement amoindri la vigilance des fêtards du nucléaire, je pus imiscer mes questions avec naturel, sur le ton de la plaisanterie, ce qui d'ailleurs amusa terriblement mes interlocuteurs : rire des petites bizarreries de personnalité qui permettent de s'enrichir, rien n'est plus délicieux pour le milliardaire bon enfant. Place maintenant à l'interview :

     - Depuis le tsunami, les incidents se multiplient à Fukushima, et si le pire semble toujours avoir été évité, la situation reste assez alarmante (quelques infos au jour le jour) pour que beaucoup de ressortissants étrangers aient fui, de leur propre initiative, ou bien sur la demande pressante de leur ambassade.
     - Ils ont raison de s'enfuir ! Quant aux Japonais, ils n'ont pas d'autre pays, donc pas de bol, et pas de bol, pas de bras. Ils n'avaient qu'à s'enrichir avant le tsunami. Voyez notre modeste exemple : le jour où le Japon sera devenu définitivement inhabitable, nous habiterons ailleurs.
     - C'est ignoble ! Et si la centrale devient dangereuse à tel point que ce soit la planète qui devienne inhabitable ?
     - Restons sérieux ! Cela n'arrivera pas grâce à nos formidables outils de propagande. Considérez plutôt ceci : aujourd'hui, tous les Japonais sont fiers et heureux de vivre dans leur pays, même à quelques kilomètres de Fukushima, cela grâce à la propagande ! La propagande est plus forte que la pechblende.
     - Un peu partout dans le monde, l'industrie nucléaire influence, voire crée et dirige plusieurs instituts dits de sécurité nucléaire (deci, delà, par ci et par là) !  D'éventuelles décisions de l'ONU elle-même - pour des objectifs mineurs comme la sauvegarde de l'humanité - pourraient être court-circuitées par les lobbies ! Certains grincheux vont jusqu'à affirmer que c'est une façon totalitaire d'imposter son industrie, mais vous, qu'en pensez-vous ?
     - Oui, nous, les milliardaires du nucléaire, nous sommes plutôt fiers d'avoir ainsi manipulé l'humanité. Vous imaginez si les politiques pouvaient décider à notre place ? Avec la poltronnerie bien connue de l'électeur ! Nous vivrions l'enfer ou pire, la pauvreté ! Je n'ose y penser.
     - L'industrie nucléaire continue de prospérer alors que les citoyens sont de plus en plus opposés à cette énergie. En outre, lorsque surviennent les catastrophes, au lieu de répondre de leurs erreurs et de les réparer, les patrons du nucléaire se contentent d'accuser la rareté statistique, profitent de l'occasion pour vanter leurs nouveaux sprays anti-fin-du-monde et, dans les coulisses, ils somment leur gouvernement de faire le ménage : les bidons de déchets, en Sibérie, les journalistes curieux, en Sibérie ! Quelques esprits chagrins se permettent de dénoncer une situation inique, et vous, qu'en pensez vous ?
     - Nous avons eu plusieurs coups de génie pour en arriver là, nous ne pouvons que nous féliciter d'un tel résultat.
     - Mais... c'est le monde de vos propres enfants que vous êtes en train de détruire. Une fois la planète inhabitable, où iriez-vous jouir de vos bénéfices ?
     - Nous, les surhommes du profit, ne nous posons pas de telles questions. "Chaque jour ses plaisirs" : voilà notre devise. Tant qu'il y a du plaisir à racler quelque part, c'est pour nous ! Le jour où il n'y aura plus aucun plaisir à prendre où que ce soit, il sera temps de disparaître... mais au moins personne d'autre que nous en aura profité.
    - Bref Viva Fukushima !?
    - En effet mon brave ami !
   Et devant ma face interloquée, ces messieurs rondouillards entamèrent une joyeuse farandole en chantant :
    - C'est qui qu'on a tué le monde ? hein ? C'est qui qu'on a tué le monde ? Bin c'est nous ! C'est nous ! C'est nous qu'on a tué le monde ! (le film de curieux moment sera transmis à djPessoa très bientôt)
 
 
     Un reportage de F. Nowan - Novembre 2012 - Fukushima / London
 
 
 
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     Maintenant que nous voici guillerets, disposés au meilleurs ris et lazzis, voici quelques liens humoristiques :

Fukushima, mamour à moi : Informations en français

Tchernobyl, pour la vie !

Tchernobyl, après la mort aussi !




Chérie, la porte : courant d'air !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

lundi 29 octobre 2012

Le cas Luca




Poète sans papiers

 
 
 
     Ghérasim est né à Bucarest en 1913. Il fonde et s'investit dans le cercle surréaliste roumain avec, entre autres, Tristan Tzara. Il s'installe à Paris dans les années 50 : il connaissait déjà la France où il avait traversé les terres des surréalistes gaulois ou d'ailleurs. Il y poursuit la construction d'une oeuvre plastique et poétique originale.
     Sa manière de modeler la langue française est remarquée. Par les poètes mais aussi par un philosophe tel que Gilles Deleuze. On peut entendre plusieurs poèmes de Ghérasim lus par lui-même : de manière touchante et avec sobriété, il éclaire la richesse et la complexité de ses créations.
     En 1994, après avoir vécu en France pendant quarante ans comme "apatride", il est expulsé de son appartement. Ayant déjà fui la Roumanie au milieu de son âge, voilà qu'il subit l'insensible bureaucratie d'un pays qui se dissimule derrière d'officielles "raisons d'hygiène". Ghérasim se jette dans la Seine quelques jours plus tard. "Il n'y a plus de place pour les poètes en ce monde" écrit-il à sa femme dans une lettre d'adieu. Il nous reste une oeuvre dont la portée ne cesse de croître.
 
 
     Voici un petit film autour de son poème "Quart d'heure de culture métaphysique" : un titre parmi tant d'autres qui révèle son goût pour le double langage. Il existe bien sûr des illustrations plus officielles et, surtout, plus abouties, de l'oeuvre de Ghérasim Luca. Je demande donc la plus grande indulgence au spectateur devant ce modeste hommage.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

samedi 20 octobre 2012

Précis d'hésitation



 
     Encore maintenant, sur le point de poster ce billet d'humeur, je me dis qu'il vaut mieux ne rien faire. Trop tard, j'ai cliqué, je me dis que je le regretterai. Mais peut-être pas.
     La plupart des situations n'ont pas d'importance réelle pour une personne réelle. Si, malgré leur futilité, elles réclament un choix, on n'est plus qu'étonnement et incompétence. Ou parfois non. Je ne sais pas. Si un quidam offre son avis, moi je l'adopte aussitôt. Et si un deuxième quidam y va de son avis, je me convertis encore. Toujours de l'avis du dernier quidam ! Ou alors pas toujours, de temps en temps seulement. Parfois oui, parfois non. Je n'en suis plus sûr. A quoi bon s'appesantir : un choix qui n'a ni sens ni importance ne me ferait que perdre mon temps en hésitations. Ou peut-être pas.
     Une situation qui a du sens, ce n'est pas fréquent, mais en voici une : je descendais les poubelles au local et que vis-je trônant puant sur un tas d'immondices ? "Précis de décomposition" de Cioran ! Cocasse coincidence, hein ? Eh bien devant le lourd symbole malodorant, je n'ai pas hésité, j'ai sauvé l'ouvrage de son destin funeste.
 
 
 
 
Merci djPessoa de m'avoir sauvé !
 
 
 

      Une situation qui n'a pas de sens, c'est un peu chaque moment. Ou peut-être pas. Tout de même, rien de plus fatiguant que d'être oppressé par une situation ou par son prochain qui attend qu'on élise un geste, une opinion, parce que ce ce vilain prochain est robotiquement préoccupé, incapable de réaliser la valeur nulle de son questionnement et de son choix à venir. N'est-ce pas ? Est-ce oui ?
     L'idéal serait d'avoir le sens chevillé au corps, comme c'était le cas pour un Epictète ou un Diogène. Jamais d'hésitation car chaque moment vécu est un paradigme du sens de la vie. Jamais d'hésitation car chaque moment vécu est un choix pleinement mesuré. Alors que pour le commun bohomme que je suis, l'éternité c'était toujours hier. Ou demain peut-être ? Je ne sais pas. 
 
 

 
Je l'ai retrouvée.
Quoi ? - L'humanité.
C'est dla merde mêlée
Au soleil !
 
 
 
 
 
 
 



mardi 16 octobre 2012

Donner ou ne pas donner

 


Mendiant accroupi - XXVIIIème - G. Traversi
 
 
                « Il faut supprimer les mendiants car on s'irrite de leur donner et on s'irrite de ne pas leur donner. » (Aurore)
      J'ai toujours apprécié l'ire humoristique de Monsieur Nietzche. En fait j'apprécie l'ire de qui que ce soit dès qu'elle a pour mission sacrée de chatouiller les maxillaires. Cependant Monsieur Nietzche cherchait-il vraiment à ce que nous nous bidonnassions ? J'ai peur, soudain, que le ténébreux Teuton ressentît quelque irritation sincère à la vue des mendiants. Comment lui en vouloir après tout ? Toi, soeur internaute, toi frère webesque, n'as-tu pas la même réaction contradictoire face au mendiant ?
      Hé ! ne ressens-tu pas quelque colère devant ton indifférence de surface que picote l'inactif mendigot ? Ne te rebelles-tu pas devant ton coeur qui parvient si facilement à s'anesthésier ? Bref, ne te courrouce-t-elle point, ta passivité monstrueuse, tellement opposée à tes idéaux, tes valeurs et tes rêves ?
      D'un autre côté, si tu donnes, ne ressens-tu pas une autre colère sourdre en toi ? La faiblesse et la sensiblerie dont tu as fait preuve ne te plongent-elles pas dans une humeur sombre ? Le dérisoire de ton geste, la minuscule portée de ton acte de charité, l'inutilité, somme toute, de ton attitude, cela ne te dégoûte-t-il pas ?
      J'ai minutieusement analysé ces idiosyncrasies rigolotes. Bin ouaip, pardi, pourquoi s'irriter de donner ou non au mendiant qui, lui, se moque de ces questions existentielles, se contentant naïvement, peut-être, de survivre ? Je questionne car j'imagine que toi qui me lis, gentille internaute, amène surfeur, tu brilles encore de quelque reliquat humain et te questionnes itou... Mais que je ne m'égare et revienne à mon pourquoi :
      Pourquoi ? Parce que notre rôle humain n'est pas d'accomplir un geste ponctuel devant un être en marge de la société et réduit à un état insupportable. Notre rôle humain, le seul et unique rôle dévolu à notre nature profonde, c'est de relever le frère humain en détresse, puis de le porter, un mois durant, un an durant s'il le faut, jusqu'au moment où il sera de nouveau capable d'assumer une place digne parmi les siens. Oui, point gaffe ne fis-je : notre unique rôle humain est d'agir comme aurait agi le Christ.
      Notre coeur humain le sait, notre rôle, et c'est pour cette raison qu'il est... écoeuré. Confrontés au mendiant, nous nions notre propre grandeur humaine pour des raisons plus vagues qu'un terrain. Vite ! le film va bientôt commencer, il y aura bientôt la queue au restaurant, si t'es feignant t'as qu'à crever, moi mes sous, je les ai mérités, bref tout ce qui nous a transformés en serviteurs automates d'un hédonisme sans saveur.






 

samedi 13 octobre 2012

Il y a tant



    Après l'hommage rendu par Nietzche au vers souriant du Rig Veda ("Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore lui"), après l'hommage rendu par Frankin au soleil souffrant de notre émétique humanité ("Idées noires"), dj Pessoa devait y aller de son papotage, à défaut d'une aubade qui dépasse ses capacités psycho-morales.

Lever du soleil - Caspar David Friedrich
 
 
 

Il y a tant



Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore lui
Tant de rêves encore attendent leur rêveur
Et tant de robinets qui n'ont pas encore fui
Et tant de lapinous vont droit sur le chasseur

Il y a tant d'amours qui naîtront après nous
Tant d'espoirs exaucés vivront dans l'avenir
Tant de balles attendent de briser un genou
Tant de foules se forment pour chasser le martyr

Il y a tant de zieux qui n'ont pas encore vu
Tant de bombes encore qui n'ont pas explosé
Il y a tant de poèmes qu'on n'a pas encore lus
Il y a tant de villes pas encore rasées

Il y a tant de ladies qui n'ont pas encore joui
Tant de mâles en rut qui violeront encore
Tant de soleils joyeux n'ont pas encore ébloui
Tant de cancers taquins déformeront nos corps

Il y a tant de peaux qui n'ont pas encore cuit
Sous les fumées d'usine et les vents nucléaires
Tant de jolies famines commenceront cette nuit
Pour engraisser le troupeau des fous du billet vert

Il y a tant de familles qu'on n'a pas encore tuées
Tant d'enfants pas encore réduits en esclavage
Il y a tant de vie qui n'est pas encore née
On a déjà construit ses chaînes et ses cages
 
 
 


 
 


mardi 2 octobre 2012

Boîte à zizik tzigane



    Dans ces Hautresc Hoses, jamais je ne publierai de zizik ou de kliklip de groupes prestigieux tels que Queatles, Quink Floyd et autres splendides Quouines : connus dans l'univers, éternels déjà, que feraient-ils de ma prose tordue ? Alors oui, c'est un crève-coeur de ne pouvoir célébrer le lyrisme musculeux des Quouines, la superbe du regretté Farrokh, ma fascination pour leurs chefs-d'oeuvre, oups, ne viens-je donc pas de mi-mettre ?
 
   Dans ces Hautresc Hoses, je tiens à présenter des artistes, des penseurs et hautresc faiseurs qui besognent sur la face cachée de la lune, ou alors dans les souterrains, ou encore dans le grenier d'un théâtre oublié... Qu'ils soient totalement inconnus, ou seulement connus d'un public d'initiés, ou même reconnus d'une micro-partie privilégiée de l'humanité, voilà ce que j'attends d'eux pour les louanger le temps d'un surfage heureux.
 
    Aujourd'hui, dans le sillage des Quouines, je présente quatre garçons dans le Volk (de plus, une polo ! ) : les Porkka Playboy qui, grâce à cette performance Hautresque, ont acquis quelque réputation sur la Toile. Mais trève de patata, place aux artistes :
 
 

Is this just Fantasy ?
 
 
 
 
 
 

vendredi 21 septembre 2012

Un jeune éditeur de 100 ans



     Question cruciale et poignante : existe-t-il un autre absolu que la littérature ? On peut errer des années, des décennies, des vies entières sans apercevoir l'ombre d'un indice. Cela n'empêche pas de rester patient. "Oh ouais ! J'ai beaucoup de temps encore !" : pimpante conclusion d'une petite interview d'un grand éditeur. Quidoncques ? Maurice Nadeau, qui nous a révélé, zà nous Gaulois endormis, Henry Miller, Witold Gombrowicz, Walter Benjamin, George Perec, mais aussi des textes du marquis de Sade qui restaient épinglés par la censure, ou le premier roman d'un certain Houellebecq (ce qui ne constitue pas forcément la plus grande fierté de notre jeunot). Maurice anime toujours un bimensuel de qualité : La Quinzaine littéraire ( exemplaires pdf ici ). Il dirige toujours, aujourd'hui, la maison d'édition Les Lettres nouvelles. Maurice est un trésor national vivant, comme on dit au Japon (ne lui répétez pas cela, sa modestie ne le supporterait pas). Foin de blablas, délectez-vous de ce petit film, chères âmes passantes sur mon nulle-part.
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 16 septembre 2012

Etre ou ne pas être

Hamlet et crâne - Henry Courtney Selous
 
 
 
Être ou ne pas être ? Ni l'un ni l'autre !



      Imagine-toi un jeune homme, torturé, désespéré, tellement désespéré qu'il en vient à prendre un pistolet, il emplit le chargeur de balles, il enfonce le chargeur dans l'arme, il place le canon dans sa bouche, le voici prêt à tirer. S'il appuie sur la gâchette, un percuteur reculera puis reviendra exploser la charge de la première balle, la douille sera éjectée, l'ogive sera expulsée à grande vitesse hors du canon, à travers sa gorge, à travers une vertèbre cervicale, pour ressortir en une fraction de seconde par l'occiput. Triomphe de la technique, émouvante efficacité. Le jeune homme hésite une dernière fois... S'attend-on à ce qu'il dise quelque chose d'aussi alambiqué que... « Être ou ne pas être, telle est la question ? » ? Sérieusement, un jeune homme réel dirait-il quelque chose d'approchant ? N'y a t-il pas une touche à la fois abstraite et snob dans cette question qu'on imagine mal comme les derniers mots d'un suicidaire !

     Gérald Robitaille (traducteur de Henry Miller) a su rendre la force de la réplique shakesperienne par cette réplique osée, peut-être, mais ô combien talentueuse : « Vivre ou mourir ? Tout est là ! » Avec ces mots, je l'imagine bien mon Hamlet désespéré, le flingue dans la bouche et le crâne dans la main, prêt à tirer pour fuir une existence impossible. Peut-être n'es-tu convaincu, sagace internaute... Ne m'en veuille donc pas de rester non seulement convaincu, mais ébloui par cette traduction.

     Et euh nan, cette réponse « Ni l'un ni l'autre ! » n'est pas due à quelque version inédite de Shakespeare. C'est le joyeux Cioran qui a confectionné cette réponse. De sa part, je conçois une facétie mi philosophe, mi stylistique, comme à son habitude. Mais j'aime relire cette réponse comme une profonde charge métaphysique : alors je m'y retrouve, je m'y mire, car la tristesse d'être au monde de Pessoa est là ! Subir une condition (en dehors même de toute considération anthropomorphe) : quelle horreur ! Anéantir une condition : quelle horreur ! Pessoa doit choisir une autre voie : Cioran a résumé sa position en six mots, bravo !
 
 
 
Tout Cioran : pour rire pendant ses insomnies
 
 
 
 
 

vendredi 14 septembre 2012

marabou pessoa




marabout sénégalais - 1890 - source wikipédia
 
 
     Ayant serpillé ma carcasse jusque dans les nulle-part les plus aboutis, maraboutiquement parlant, je me suis échoué : clic à mon naufrage !  J'avais trouvé le paradis pour mes zygos exigeants. Et banal que je suis, j'ai moizaussi pastiché l'annonce car elle convient cruellement à dj Pessoa. Je rends hommage éternel au site en ma page de liens : voir ailleurs ! On peut aussi dévorer quelque aperçu de mon flyer en bas de message ! A bientôt gentille surfeuse et noble internaute.
 
 
 
flyer to nowhere
 
 
 
 
 
 
 


samedi 8 septembre 2012

Le roman de Ouelchel Milleboucq




Chers voyageurs vers nulle part,

découvrez l'étrange et drôlissime histoire de Ouelchel Milleboucq à travers cette vieille gribouille que j'ai dégagée de mes décombres.



Clic-là et choisis pas ton format de fichier ! (hahaha...)

Portrait du modèle de notre héros - A. Giraud 1867




PS : ya pas ! Comme quoi...




mardi 28 août 2012

No Mercy !




La vie, bon, et alors ?


    Ce titre exhalera tout son sens pour le lecteur sagace qui a connu, ne serait-ce qu'une fois, la joie ineffable d'avoir les poches bien pleines. Un zeste d'electro, un enrobage techno, une déclaration d'amour à notre Mammon chéri, voilà tout. Enjoy !







dimanche 12 août 2012

No Mercy !

    Pendant vains millénaires de recherche, de Zoroastre à Heidegger en passant par Platon, d'Archimède à Einstein, en passant par Descartes, l'homme ne s'est jamais satisfait des réponses données à La Question : " Qu'est-ce que la vie ? "



La Vie - Toile anonyme, école des Flandres


    En 2012, cela fait un ptit bout de bon temps qu'on détient La Réponse : " La vie, c'est de l'argent. ". Et cela fait plaisir de voir cette vérité si bien partagée par mes milliards de frères et soeurs ! Du coup, la ritournelle m'est venue aux lèvres, naturellement, et je la confie à vos oreilles enthousiastes.

No Mercy by dj.PESSOA




samedi 11 août 2012

Kerozen

   Quelque soir de désoeuvrement, je promenais ma carcasse à travers les beaux quartiers de la planèteuh :

Planeteuh Terreuh 2012 via dj pessoa


    Je caressais, du bout de doigts timides mais amoureux, grillages et casernes, nuages et citernes :


Planeteuh Terreuh 2012 via dj pessoa


   Soudain, je fus extrait de ma douce méditation par un immense graffiti dont la teneur humaniste me projeta zen plein satori :

KEROZENEUH !


Kerozen !
Du friqueuh plein les soutes
Le resteuh rien à foutre

Et le mondeuh ?
Le monde a qu'à crever
Ça meuh concerne pas
Essayer dle sauver
Mais ça mrapportrait quoi ?

Kerozen !

Et l'amour du prochain ?
Mais j'en ai rien à foutre !
Fair leuh beau fair le bien
Ça mrapportra combien ?
Cque jveuh c'est du mazout !

Kerozen !

Alors c'est la fin ?
La fin dlespèce humaine
C'est carrément mignon
Tant quça mrapport du yen :
Le bonheur c'est lpognon !


dj Pessoeuh

   Je suffoquais sous l'émotion. La grandeur d'âme de ce graffiti géant, je me devais de la transmettre à mes frères de condition. Pénétré de ce devoir, j'entendis alors une musique dans mon coeur : elle bubulle encore dans mes chaudrons ; je la publierai ici-nulle part dès qu'elle éclaboussera le plafond.


Planeteuh Terreuh 2012 via dj pessoa



Planeteuh Terreuh 2012 via dj pessoa











samedi 21 juillet 2012

Art de vivre

   Comme dans ma réserve patientent surtout quelques centaines de chansons infernales, je veux exhiber, peut-être pour l'unique fois, un petit tralala boute-en-train. C'est un fruit de mon art de vivre aussi simplet qu'inaccessible, cherchez donc l'horreur.




Art de Vivre by dj.PESSOA







Art de vivre

   Parce qu'il n'y pas que la fin du monde et les horribles humains dans l'univers, voici... un mini mini inventaire en forme de sourire idiot assumé. C'est déjà pas si mal !






Art de vivre


Du soleil et de l'eau

Et des fruits et du pain et des gâteaux

Du bonheur, de la rigolade

Un grand lit et une jolie cabane


dj PESSOA



Luxe, calme et volupté - H. Matisse





mercredi 18 juillet 2012

De bon coeur



    Dans une crise de somnambulisme bénin, j'ai bricolé cette expérience sonore. C'est une idée brute, appliquée brutalement, qui réclamera l'indulgence de l'auditeur. De bon coeur.



   De Bon Coeur by dj.PESSOA



    Mon maître voudrait que je travaille cette non-ritournelle pour la transmuter en proprette : la magie d'égaliseurs et de réverbérations correctement appliquées suffit parfois à séduire le public. Cependant j'ai la neurasthénie, je crois que je vais en rester là.


mardi 3 juillet 2012

Le Reve Amerika



    On pourra se régaler de cette version en dégustant un lever de soleil plein d'optimisme.




Le Reve Amerika by dj.PESSOA



    Voici quelque prophétie publicitaire, ce qu'on appelle "scoop" dans le langage soutenu : une version plus virile serait en train de brûler dans un de mes fours. Je l'extrais dès qu'elle est à point carbonisée.


Le Rêve Amerika


 
Combien de sources taries
Pour un pétrole à meilleur prix ?
Combien de forêts se meurent
Pour bâtir d’autres twin-towers ?
Combien d’enfants tués
Pour un steak à bon marché ?
Combien de maisons détruites
Pour une portion de frites gratuites ?


Moi je ne veux pas de mac do dans mes draps
Moi je ne veux pas de fontaine de coca
Moi je ne veux pas du rêve America

Combien de tyrans mis en place
Pour lécher de plus grosses glaces ?
Combien d’océans qu’on goudronne
Pour faire la fête à Washington ?
Combien de terres sous le napalm
Pour bien engraisser l’oncle Sam ?
Combien de familles massacrées
Pour remplir les supermarchés ?

Moi je ne veux pas de mac do dans mes draps
Moi je ne veux pas de fontaine de coca
Moi je ne veux pas du rêve America

Moi je veux être humain malgré eux
Respirer mieux sous un ciel plus bleu


dj Saulge & dj Pessoa


(je cherche l'auteur de cette fresque lyrique)